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Kumbh Mela French

conte photographique, exposition, livre

kumbh mela

PLONGEZ AU SEIN DU PLUS IMPORTANT FESTIVAL SPIRITUEL AU MONDE

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LE PLUS GRAND RASSEMBLEMENT SPIRITUEL AU MONDE.

- TOILE DE FOND -

          Kumbh Mela est un festival hindou. Il constitue probablement le plus grand rassemblement spirituel au monde. Ce pèlerinage, qui a lieu 4 fois tous les 12 ans, s’installe géographiquement le long de différents fleuves sacrés à Haridwar, Ujjain, Nashik, et Prayagraj anciennement appelé Allahabad. 

          En 2019 les pèlerins de toutes castes et chemins de foi convergent au sein d’une infrastructure éphémère installée à Prayagraj, à la confluence des trois fleuves sacrés que sont le Gange, Yamuna et Sarasvatî. Les chiffres officiels évoquent des centaines de millions de visiteurs lors de l’événement qui dure près d’un mois et demi.

          L’infrastructure éphémère se déploierait sur environ 60 km2. S’y entremêlent d’innombrables rangées de tentes modernes ou de fortune, des spots électriques, des routes de terre, d’immenses ponts flottants, de gigantesques temples… 

          La diversité de figures spirituelles que l’on peut rencontrer en se rendant à la Kumbh Mela reflète l’ancienneté de l’histoire de l’Hindoustan et la diversité des pratiques et chemins menant à l’éveil spirituel que l’on y trouve. Des saints de nombreuses obédiences aux ermites venant visiter la civilisation en cette unique occasion, en passant par les étudiants en spiritualité venus de villages ou de grandes villes, tous se retrouvent en ce moment d’inspiration et de transmission.

I. ATTERRISSAGE

" J’arrive à la nuit tombante. La foule est impressionnante, l'infrastructure immense, les énergies palpables. "

          Je déambule et pénètre ce qui me semble être un espace sans fin. Des milliers de lumières brillent au-dessus du dédale de tentes qui s’étendent à perte de vue.
Les mots manquent pour décrire l’intensité qui s’offre à mes sens. Me voilà déjà transporté hors de la réalité, et je perds la notion du temps comme au beau milieu d’un rêve. Désorienté et pourtant serein. Mon cœur bat la chamade, habité d’une puissante énergie rythmant ses battements au tempo induit par la découverte de tant de sujets de curiosité. La nuit se fait noire et la brume s’épaissit, augmentant la perte de repères. La raison m’incite à chercher un abri pour la nuit, tandis que l’excitation me pousse à la découverte.

          L’idée de rencontrer ces babas Nagas m’obsède. Nourri de fantasmes et d’idées préconçues sources de grandes espérances, je déambule sur des kilomètres, des heures durant, tentant vainement de saisir la topographie de l’espace. Soudain, je me retrouve face à un Naga dont la présence me saisit. Il est abrité sous une tente de fortune, encore distant d’une trentaine de mètres. Déjà, son apparence m’impressionne. Alors qu’en l’observant de loin je suis saisi par toutes les différences apparentes qui nous éloignent, j’ai le sentiment en m’asseyant près de lui, que nombre de frontières qui nous séparent, déjà s’évanouissent.

          

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        Je l’imaginais centré sur son illumination personnelle, comme objectif final de son accomplissement et découvre que sa vie introspective sert un altruisme avoué ! Atteindre Samadhi pour le partager avec le monde, rayonner, inspirer. Il donne sans compter et sans rien demander en échange. Surpris, je reste cependant sceptique et interprète cet altruisme comme une posture contrainte qu’il s’impose afin de sublimer son action, en déplaçant l’objet de son aspiration en dernier lieu sur autrui. Ainsi il légitimerait son choix de vie égocentré.

        Immédiatement je sens que cette interprétation n’appartient qu’à moi, qu’au tumulte de mes pensées attachées à tout analyser même en de telles circonstances où les repères me manquent et où les prérequis pour comprendre me font défaut. Rapidement, il me semble que cette analyse en plus d’être infondée, révèle mon besoin de catégoriser, juger quelque chose qui m’échappe et qui se dérobe à mon entendement.

          Je me sens coincé dans une posture inadaptée, fermée et réfléchie. J’aimerais être ouvert et réceptif

 

II. La découverte

- 11 pm -

        Perçant la brume, au beau milieu du dédale infini d’installations de fortune, émergent du sol sableux des édifices que l’on peine à croire éphémères. Des éclats d’opulence fleurissent et brillent au sein d’un univers ascétique. Apparat et austérité se côtoient. Quel contraste ! Là une arche, ici un gigantesque temple orné de néons, comme sortis d’un conte de fées. En m’approchant de plus près, je me rends compte que les murs sont faits de matériaux légers de basse qualité. L’installation n’est pas faite pour durer mais pour briller. Ces édifices me troublent, je n’ose tout d’abord pas y entrer. Je juge l’apparence. Ronflant, inapproprié. De prétentieux attrape-l’œil de carton, qui pourtant impressionnent.

 

          Je ne sais pas quoi faire de ce spectacle. Trop inattendu. Je me sens plus à l’aise dehors à vagabonder à travers les rangées de modestes tentes. Mon corps m’envoie un message clair, il ne souhaite pas y pénétrer. Ma tête s’occupe, juge sans connaître « Qu’est-ce que cela fait là ? C’est bling-bling ! C’est Disneyland de la spiritualité, émergeant au milieu de nulle part ! Comment est-ce possible ? Après avoir marché des kilomètres à travers la brume flânant sur un paysage ascétique, je me trouve face à ça ?! C’est à la fois magique, attractif, ordinaire, repoussant. » Plus tard, lorsque je cesserai d’appliquer des images issues de mon patrimoine culturel à un univers qui n’en connaît rien, je m’autoriserai à pénétrer ces lieux et réellement « perce-voir »[1] ce qu’il s’y passe.

          « Percer » le nuage de fumée constitué de jugements, qui obstrue ma vision, pour « voir » avec le cœur, ce qui s’offre à la perception de l’âme. C’est en cessant de chercher ce qui n’existe que dans ma tête, ce qui fut créé par un amalgame de fantasmes, d’images perçues à distance, de récits entendus, que je pourrai m’ouvrir et trouver ce que mon âme cherche réellement, plus profondément, et que mon esprit conscient ignore encore.



[1] Expression empruntée à Patrick de Burensteinas, « perce-voir, percez et vous verrez » lors de ses conférences sur l’alchimie.

          Je trouverai dans nombre de ces temples des âmes me permettant de refléter des parts de moi-même enfouies. Ce baba aux airs de rasta qui semble épouser son côté sombre, et s’offre à la vue des autres comme un livre ouvert. Ces autres, qui traînent ensemble comme de vieux amis de toujours, assis autour du feu à fumer le shilom, . Ce vieux pèlerin à l’œil rieur qui semble me dire « Je t’ai vu coquin… ». Et cet homme, cet homme dont je vous parlerai plus tard.

III. L'EXPÉRIENCE

" Je m'en remets à l'énergie du lieu "

          Je perçois une énergie qui circule en chacun et fédère les intentions des êtres qui interagissent en ce lieu. Je ne veux plus être ce spectateur étranger, cette petite souris qui se faufile pour emporter avec elle un témoignage et interpréter ce qui se passe. Je souhaite m’immerger, participer, renoncer à comprendre, m’ouvrir à ressentir. Je déambule désormais à l’intuition, plus ouvert. Mon besoin de juger s’estompe, puis un bouleversement s’opère.

          Sans comprendre pourquoi, je constate que ma communication n’est plus la même. Je ne suis plus dans la posture de prendre, d’être venu absorber une connaissance pour remplir mon être individuel et fermé, mais dans une nouvelle posture d’être, simplement, ouvert.

          Les babas et pèlerins s’ouvrent, m’invitent à dormir avec eux. Je reste avec certains d’entre eux de longs moments, parfois sans même parler, en échangeant des regards qui en disent davantage. Une nouvelle expérience s’offre à mes sens. Je vois désormais la diversité des êtres avec un nouveau regard complice. Je vois une diversité de genres et de caractères qui se complètent ou sans même avoir le besoin de se compléter se suffisent par leur simple existence. Je les vois comme mes frères, mes égaux. Pourquoi les considérer à part ? Pourquoi créer une cotation de leur élévation ? Leurs différences, leur stade d’élévation quel qu’il soit les subliment. Une unique source de lumière les unit, et leur permet de rayonner au sein d’un ensemble.

        Existe-t-il de faux hommes ? Je découvre ainsi qu’il n’existe ni faux ni vrais babas, que tous sont vrais et parfaits. Je me rends compte que le mécompte courant de se trouver déçu par la rencontre de ceux que l’on dit sages ou thérapeutes vient de cette maladresse de l’esprit, de considérer ces derniers en surhommes, en leur assignant les signes distinctifs que nous considérons comme vertueux. Nous dessinons dans notre imaginaire les contours et valeurs que doit porter un être érudit. Ce mécanisme insensé crée des attentes qui ne peuvent être comblées, et reflète une fermeture profonde qui résulte de la surestimation de nos opinions, de l’intolérance propre de l’humain vis-à-vis du fait de se tromper, de s’accepter tel qu’il est, d’accepter ses contradictions. D’y voir le reflet d’une incohérence, d’une imperfection servant de prétexte au rejet. Je me refermais sur moi-même par le travail de l’esprit au lieu de m’ouvrir à la perception du cœur.

          Le baba n’échappe pas à sa condition d’homme, il a simplement l’expérience d’une dévotion pleine longuement entretenue qui lui permet de livrer à autrui une inspiration plus accessible car rayonnant d’une lumière plus intense. Son travail n’est pas celui de s’élever au-dessus des autres mais de s’accepter soi, pleinement, avec ses imperfections. S’il peut accepter les autres c’est parce qu’il s’accepte lui-même. En les considérant ainsi, il m’apparaît une ouverture qui permet d’accepter et recevoir leurs lumières et leurs ombres. Je découvre que l’énergie qu’ils me renvoient fait écho dans mon cœur à l’appel de l’éveil spirituel qui m’habite ou à mes peurs et angoisses qui y sont enfouies. Qu’il n’y a rien en eux à changer, tout ce que je perçois à l’extérieur est en moi.

          As in a mirror, I project myself into the gaze of the other. I become grateful for the existence of all because they let me perceive an infinite diversity of parts of myself. Whether my thoughts and emotions seem positive or negative, all of them reflect a part of me. A baba looks at me with harshness I see there the reflection of my barriers. A visitor who appears to be carrying a burden on his shoulders reflects the way in which I place myself as a victim in my relationships. If a baba seems greedy to me, I see in him the disguise of my greed. In front of a young visitor I see the humility, the tenderness and the openness that I would like to reveal in myself. All become guides to my self-awareness .

 

Comme dans un miroir, je me projette dans le regard de l’autre. Je deviens reconnaissant pour l’existence de tous car ils me laissent percevoir une diversité infinie de parts de moi-même. Que mes pensées et émotions semblent positives ou négatives, toutes reflètent une partie de moi-même. Un baba me regarde avec ce que je reçois comme de la dureté, j’y vois le reflet de mes barrières. N’est-ce pas moi-même qui me regarde avec dureté ? Un visiteur qui paraît porter un fardeau sur ses épaules reflète la manière dont je me place en victime dans mes relations, le poids de la responsabilité fictive, le poids de l’auto jugement. N’est-ce pas moi-même et seulement moi-même que cela concerne ? Si un baba me paraît cupide, j’y vois le déguisement de mon avidité. Face à un jeune visiteur je vois l’humilité, la tendresse et l’ouverture qui existe et que j’aimerais révéler en moi-même. Tous deviennent guides dans le chemin vers la connaissance de moi-même.

IV. VISUALISATION

Une invitation à la contemplation. À prendre le temps.

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IV. satyam

Petit frère d'âge, grand frère d'âme.

          Sangam, est le point de rencontre des trois fleuves sacrés. Pour l’occasion, de gigantesques ponts flottants éphémères sont déployés, pour passer d’une rive à l’autre.

Au milieu de la nuit, dans la brume épaisse, je rencontre sur l’un de ces ponts, Satyam, jeune Indien de Prayargraj. Il sera un pont entre moi et ce monde.

          La complémentarité de nos regards nous élève. Son innocence et son humilité lui permettent de partager le cœur ouvert, sincère. Sa sagesse me nourrit. Un après-midi, alors que pris par la fatigue, je sombre un moment dans un flot de pensées négatives, m’enfermant et jugeant ce qui s’offre à ma vue, Satyam me surprend. Je lui confesse voir que la plupart des babas sont faux et cachent des commerçants. Il me dit humblement

« Face à un pot rempli de lentilles jaunes, il est beaucoup plus facile de voir la lentille noire qui est posée en surface. Celui qui se concentre sur la lentille noire condamne tout le pot. »

          Je prends vite conscience que j’apprendrais beaucoup à ses côtés.

   

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